
Lourdes et ses miracles
★★★★★
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Synopsis
Rouquier a voulu tirer une gageure qu’on pouvait estimer impossible : sur un tel sujet réaliser un reportage objectif, c’est à dire valable, quelle que soit la position personnelle du spectateur. Il est à noter que le film était produit sous la direction du R/P. Pichard et qu’il devait pouvoir être utilisé à des fins apologétiques.
Mais Rouquier n’a pas roulé » pour autant ses producteurs à la manière de Franju tournant « Hôtel des Invalides ». Son film a de quoi combler Jacques Prévert parce qu’il n’élude rien de l’horreur de Lourdes, mais il a tout aussi bien de quoi confirmer dans sa foi celui qui sympathise spirituellement avec la mystique du pèlerinage, et cette confirmation sera d’autant plus solide qu’elle sera fondée sur une description réaliste et exhaustive du phénomène~ On a paradoxalement comparé ce Lourdes à « Las Hurdes » de Bunuel et le rapprochement est valable jusqu’à un certain point, mais Bunuel faisait surgir l’horreur d’une dialectique de la piété et de la non-intervention : le cameraman ne lâchait pas la caméra pour délivrer l’âne mangé d’abeilles.
Rien de comparable ici où l’essentiel de la signification du phénomène réside dans le fait que le surcroît de souffrance des malades (ce paralytique squelettique plongé dans l’eau glacée de la piscine etc.) ont été voulues par eux et sont acceptées comme telles. C’est là, si l’on veut, un scandale et une horreur supplémentaires, mais tout aussi bien, sous un autre éclairage, le signe révélateur d’une réalité spirituelle.
Rouquier n’a pas cherché cette objectivité journalistique qui consiste à alterner le pour et le contre et qui se borne en fait à multiplier la fausseté d’un témoignage superficiel par la fausseté du témoignage contraire comme si la vérité pouvait sortir de deux erreurs. Son objectivité s’inscrit dans l’épaisseur même de la réalité, elle consiste à respecter son ambiguïté et par là elle se conforme du reste à la plus saine théologie du miracle dont Pascal disait déjà qu’il n’est probant que pour ceux qui y croient déjà. » André Bazin : Critique de « Lourdes et ses Miracles » in France-Observateur, 24 novembre 1955.
Mais Rouquier n’a pas roulé » pour autant ses producteurs à la manière de Franju tournant « Hôtel des Invalides ». Son film a de quoi combler Jacques Prévert parce qu’il n’élude rien de l’horreur de Lourdes, mais il a tout aussi bien de quoi confirmer dans sa foi celui qui sympathise spirituellement avec la mystique du pèlerinage, et cette confirmation sera d’autant plus solide qu’elle sera fondée sur une description réaliste et exhaustive du phénomène~ On a paradoxalement comparé ce Lourdes à « Las Hurdes » de Bunuel et le rapprochement est valable jusqu’à un certain point, mais Bunuel faisait surgir l’horreur d’une dialectique de la piété et de la non-intervention : le cameraman ne lâchait pas la caméra pour délivrer l’âne mangé d’abeilles.
Rien de comparable ici où l’essentiel de la signification du phénomène réside dans le fait que le surcroît de souffrance des malades (ce paralytique squelettique plongé dans l’eau glacée de la piscine etc.) ont été voulues par eux et sont acceptées comme telles. C’est là, si l’on veut, un scandale et une horreur supplémentaires, mais tout aussi bien, sous un autre éclairage, le signe révélateur d’une réalité spirituelle.
Rouquier n’a pas cherché cette objectivité journalistique qui consiste à alterner le pour et le contre et qui se borne en fait à multiplier la fausseté d’un témoignage superficiel par la fausseté du témoignage contraire comme si la vérité pouvait sortir de deux erreurs. Son objectivité s’inscrit dans l’épaisseur même de la réalité, elle consiste à respecter son ambiguïté et par là elle se conforme du reste à la plus saine théologie du miracle dont Pascal disait déjà qu’il n’est probant que pour ceux qui y croient déjà. » André Bazin : Critique de « Lourdes et ses Miracles » in France-Observateur, 24 novembre 1955.