Apprenant que la gérance du Chelsea Hotel passe dans des mains de gestionnaires froids, insensible à ce lieu unique de liberté et de contre-culture, Abel Ferrara entreprend un documentaire sur cet immeuble de briques rouges qui abrita les grands auteurs de la Beat Generation, les peintres bohèmes, Jean-Paul Sartre, Sarah Bernhardt, Arthur Miller, Arthur C. Clarke ou encore Sid Vicious. Ces fantômes sont convoqués, notamment Sid dans des séquences de fiction reconstituées, mais également les habitants actuels de l’hôtel, l’ancien gérant Stanley Bard, viré par les actionnaires majoritaires. Ferrara restitue tout un passé prestigieux et sulfureux où la mort s’invite souvent, où se croisent dealers et artistes maudits et il s’interroge aussi sur la marchandisation de l’art et la place que la société actuelle concède encore à lui laisser : une place de plus en plus congrue, hors des hôtels aux gestions aussi rocambolesques que celle du Chelsea ancienne manière.