Danielle Darrieux est une des actrices que j’admire particulièrement et qui me semble incarner à la fois son époque et le cinéma français tel qu’il est apprécié de par le monde. C’est aussi une carrière cinématographique d’une longévité exceptionnelle, elle aura 90 ans le 1er mai 2007 ! Des liens presque fantasmatiques me relient à elle. J’ai toujours entendu parler de Danielle Darrieux dans ma famille Mauriac : elle était en classe avec ma mère au collège religieux de La Tour dans le 16ème arrondissement, ma mère qui n’oublia jamais à quel point elle l’avait enviée de quitter le collège pour faire du cinéma. Et quand des années plus tard, en 1965, elle m’accorda la permission de tourner Au hasard Balthazar de Robert Bresson, elle le fit en pensant à Danielle son amie de jeunesse. Pour tout cela, j’ai eu le désir de l’approcher, d’esquisser son portrait. Depuis ses débuts jusqu’à son dernier film tourné en 2006 c’est toujours la même fraîcheur inouïe, la même simplicité de jeu. Elle n’intellectualise jamais, mais donne l’impression de toujours choisir ce qui lui convient. Spontanéité ? Réflexion très intelligente de sa part ? J’ai essayé de le comprendre, avec elle d’abord, puis en m’appuyant sur des archives des époques qu’elle a traversé depuis 1931 et, enfin en réalisant des entretiens avec un certains nombres de personnes qui ont travaillé avec elle, Catherine Deneuve, Ludivine Sagnier, Denys de La Patellière et Anne Fontaine entre autres.