Tout l’univers de la famille Gulden tourne autour du père, George, professeur de littérature dans une université de la côte Est des États-Unis. Très imbu de sa personne, il épate depuis des années ses étudiants avec les mêmes blagues éculées et considère comme son dû le dévouement sans faille de son épouse Kate ainsi que l’admiration quelque peu craintive que lui vouent ses enfants Ellen et Brian. Auteur d’un recueil d’essais dont il est très fier, il ne désespère pas de publier un jour son grand oeuvre, un roman dont il conserve précieusement le manuscrit dans un tiroir de son bureau. Marchant sur les traces de son père, Ellen a démarré dans la carrière de journaliste et prépare pour un magazine new-yorkais un article sur le sénateur Sullivan, récemment impliqué dans une affaire de drogue. Brian, pour sa part, n’ose pas annoncer à son père qu’il a échoué à ses examens de littérature et qu’il s’apprête à abandonner ses études. Pendant ce temps, Kate s’occupe de la maison, mitonne des petits plats, exécute de ravissants travaux d’aiguilles et organise avec un groupe d’amies les festivités locales et les ventes de charité. Mais ces talents domestiques n’inspirent que mépris à sa fille, l’intellectuelle émancipée.
Soudain, un drame frappe les Gulden : Kate est atteinte d’un cancer, déjà très avancé. Absorbé par ses activités professionnelles, George exige qu’Ellen quitte New York et vienne s’occuper de sa mère. À la faveur de ce séjour forcé, la jeune femme découvre ses parents sous un jour très différent : son père, comme un être égoïste, vaniteux et finalement assez médiocre (son idole, le poète-lauréat Oliver Most, à qui il avait fait lire le manuscrit de son roman, n’en a gardé aucun souvenir) ; sa mère, au contraire, comme un personnage beaucoup plus riche et sensible qu’elle ne l’aurait imaginé. Toutefois, à mesure que la santé de Kate se détériore, la situation devient de plus en plus pénible pour Ellen. Elle rate son interview de Sullivan, perd son emploi au journal et rompt avec son petit ami Jordan Belzer. Elle soupçonne en outre son père d’avoir des liaisons avec ses étudiantes, alors que ses escapades consistent essentiellement à s’enivrer dans un pub où son vieil ami Harold vient régulièrement le récupérer. Elle ne sait pas non plus comment réagir lorsque sa mère lui demande de l’aider à en finir avec la vie. Quand Kate meurt d’une overdose de pilules de morphine, George et Ellen se soupçonnent mutuellement d’avoir eu le courage de l’euthanasier. L’explication aura lieu un an plus tard, sur la tombe de Kate : malgré son extrême faiblesse, la malheureuse a sans doute eu la force de se suicider.