1974. La guerre du Viêt-nam, les conflits raciaux et la forfaiture de Nixon ont empoisonné les mentalités américaines. À la tête de l’ex-Congo Belge, devenu le Zaïre, l’arrogant président Mobutu a remplacé Patrice Lumumba. Vainqueur contre Sonny Liston dix ans plus tôt, le boxeur Cassius Clay entreprend de reconquérir son titre de champion poids lourd contre le tenant actuel, George Foreman. Le combat aura lieu le 25 septembre à Kinshasa et chacun semble y trouver son compte : Mobutu s’en servira pour soigner sa publicité et propulser son pays sur le devant de la scène; Don King, le flamboyant organisateur de la rencontre, en profitera pour faire oublier ses démêlés avec la justice; Cassius Clay aura maintes occasions de défendre les causes qui lui sont chères, comme son opposition à la guerre du Viêt-nam (il a été condamné pour avoir refusé d’être incorporé), sa défense de l’Islam (il s’est converti et se fait désormais appeler Muhammad Ali) et sa lutte pour l’émancipation des Noirs américains.


De nombreuses personnalités se sont déplacées pour ce qui promet d’être un des événements sportifs majeurs du XXe siècle. Les plus grands artistes afro-américains (James Brown, B.B. King…) se produiront pendant trois jours au stade de Kinshasa aux côtés de chanteurs africains. Sous son apparente réserve, Foreman est un adversaire redoutable. Il a aisément battu, l’année précédente, des pugilistes aussi réputés que Joe Frazier et Ken Norton. Presque tous le voient déjà vainqueur. Malgré une appréhension légitime, Ali ne laisse rien paraître. Ses déclarations fracassantes font les délices de la presse et ses prises de position idéologiques lui attirent la sympathie du public zaïrois.


Au cours de l’entraînement, Foreman est blessé à l’arcade sourcilière. Pendant que King cite Shakespeare et qu’Ali consulte le féticheur de Mobutu, tous se demandent avec inquiétude si le combat ne va pas être annulé. Finalement la rencontre se déroule le 30 octobre à 4 heures du matin pour pouvoir être diffusée en direct aux U.S.A. aux environs de 22 heures. Les quatre premiers rounds sont très durs. Foreman martèle sans relâche Ali. Au cinquième round, il montre des signes de fatigue. Ali contre-attaque, met son adversaire K.O. et récupère son titre, une victoire qu’il déclare vouloir utiliser à améliorer les rapports sociaux dans son pays.