LA GUERRE DES BOUFFONS

La vie de gangsters, c'est pas facile tous les jours. Alors pour se détendre, ils ont tous des activités variées en dehors des heures de " travail " : minitel rose, sexe, karaoké, drogue... Tous, sauf Jonny, coursier devenu gangster par l'intermédiaire de son ami d'enfance, Jude, neveu de Ray Kreed, célèbre caïd de la mafia. Une fois entré dans le gang le plus redouté du nord de Londres, Jonny, ambitieux et consciencieux (" Les gangsters sont tous des artistes "), rêve d'action et, surtout, de voler de ses propres ailes. Mais il accumule maladresses, provocations et quiproquo, déclenchant une querelle entre le gang de Ray et une bande ennemie du sud de Londres. Lorsque la vraie guerre éclate entre les deux camps, il faut bientôt arrêter Jonny à tout prix...

AMOUR, HONNEUR ET OBEISSANCE

GANGSTERS, SEX & KARAOKE est un film de gangsters pas tout à fait comme les autres, qui raconte la vie quotidienne d'un groupe de " durs ", leurs " affaires ", leurs relations entre eux, avec leurs femmes et leurs petites amies. Le titre français du film révèle la volonté humoristique des deux réalisateurs-scénaristes-producteurs-acteurs, Dominic Anciano et Ray Burdis. Le titre original, LOVE, HONOUR & OBEY (amour, honneur et obéissance), montre, paradoxalement, la dimension de gravité qui ressort du film. Le tandem londonien a une vision féroce, ultra satirique et souvent très drôle (dans les dialogues ou dans la peinture des intérieurs très british) de ce groupe de gangsters " bras cassés ", parfois même franchement coeurs d'artichauts, qui avalent du Viagra comme des bonbons, et n'éprouvent pas beaucoup de scrupules à avoir les poings lestes. Frapper les déstresse !
Selon les mêmes méthodes que celles mises au point pendant le tournage de leur premier long métrage, FINAL CUT (sorti le 18 octobre 2000), Dominic Anciano et Ray Burdis se sont ici appuyés sur l'improvisation des acteurs, qui gardent d'ailleurs leurs prénoms. Des méthodes qui ont fait des adeptes, puisque l'on retrouve quasiment le même casting que dans FINAL CUT : Jude Law (LE TALENTUEUX Mr RIPLEY) et son épouse Sadie Frost (DRACULA), l'imposant Ray Winstone (remarqué par le public français dans THE WAR ZONE), Jonny Lee Miller (l'héroïnomane de TRAINSPOTTING), Rhys Ifans (l'inoubliable colocataire de Hugh Grant dans COUP DE FOUDRE A NOTTING HILL) et Kathy Burke (NE PAS AVALER). Tout ce beau monde semble s'amuser, et se défouler, comme des gosses.

ENTRE DENONCIATION ET FASCINATION

Malgré une certaine confusion au début du film, où le spectateur a du mal à distinguer les bons des méchants et ne sait pas trop où les réalisateurs veulent en venir, il faut reconnaître que le cheminement intellectuel de ces derniers est ici plus approfondi que dans l'affligeant FINAL CUT. GANGSTERS, SEX & KARAOKE aborde des sujets graves tels que la torture, la trahison, la violence gratuite. Mais le spectateur est parfois sceptique quant aux intentions des réalisateurs. Où s'arrête la dénonciation et où commence la fascination, pour ne pas dire l'éloge ? Leur vision pour le moins ironique de la violence est parfois déstabilisante, à l'image de la scène de la fusillade en plein Londres : le chef d'une bande pleure de rire, tandis que celui de la bande d'en face sanglote de peur. Un film à ne surtout pas prendre au premier degré.