1974, la brousse africaine d’une colonie portugaise. Des soldats, sous les ordres du lieutenant Cabrita, participent à une action de commando contre la guérilla.  » Que faisons-nous ici ? Qu’est-ce que le patriotisme ? Où est la sincérité dans notre engagement colonial ?  » Le moral est assez bas, même chez les plus motivés qui pensent au pays.  » Se battre chez soi, pour sa terre, passe encore « , dit le lieutenant qui évoque la haute figure de Viriathe le Lusitanien, patriote tragique : il se dressa contre l’invasion romaine, ne put l’empêcher et fut abattu par les siens.

Puis Cabrita, décidément plus historien que lieutenant parle du roi Jean II qui rêva au quinzième siècle d’unifier la péninsule ibérique mais n’y parvint pas : son fils Don Alphonse épousa l’Infante d’Espagne et mourut accidentellement peu après, ce qui renforça le pouvoir des voisins espagnols.

« Le rêve national portugais n’a-t-il essuyé que des échecs ? », se demandent les soldats d’aujourd’hui. Hélas oui, remarque le lieutenant à l’exception des grandes découvertes laissées au monde par les navigateurs. Ainsi Vasco de Gama, récompensé, selon le poète Camoens et son épopée nationale  » Les Lusiades « , par Téthys, qui lui offrit dans l’Ile des Amours un bonheur éternel auprès de Vénus.

Et les soldats interrogent ensuite un autre moment cruel de leur histoire : la défaite d’AlcaçarQuivir face aux Marocains, due à l’inconscience du jeune roi Sébastien, ivre de gloire mais incapable de commander, disparu dans la bataille et baptisé depuis le Désiré, dont on attend le retour pour restaurer la grandeur du pays.

Une escarmouche a lieu, brève et violente, Cabrita, blessé à mort, agonise sur son lit d’hôpital, assailli par des visions d’échec. par exemple ce chevalier parmi les cadavres d’Alcaçar-Quivir criant  » Non!  » au destin avant de se suicider. Un médecin enregistre le décès du lieutenant à la date du 25 avril 1974.