1974. Le Portugal est engagé dans des guerres dures en Afrique (Angola, Mozambique, Guinée Bissau). Des militaires ne supportent plus le rôle qui leur est assigné. Le soir du 24 avril, de jeunes officiers, regroupés autour du capitaine Maia dans le Mouvement des Forces Armées, soulèvent une caserne près de Lisbonne pour marcher sur la capitale et renverser la dictature post-salazariste par un coup d’État pacifique. Le commandant Gervásio, un démocrate sceptique, se rallie à eux, avec sympathie mais sans conviction. D’autres secteurs sont en effervescence : Antónia, une jeune professeur, ameute ses amis car un de ses étudiants emprisonné risque la torture. Elle demande en vain à son frère, qui est ministre, d’intervenir. Par ailleurs, elle reproche à son mari, Manuel, un capitaine de retour d’Afrique, d’être à l’écart de l’agitation démocratique, alors qu’il tient secret son rôle : investir l’immeuble de la radio avec ses amis Fonseca, Silva et Botelho – ce qu’ils font dans des conditions frôlant l’amateurisme – et diffuser “Grandola”, chanson interdite et signe de ralliement.
Le 25 avril, quand la ville se réveille, les chars des insurgés ont envahi les rues… et s’arrêtent même aux feux rouges ! La population ne tarde pas à sympathiser avec les mutins, distribuant les oeillets, symboles de cette révolution. Rosa, la bonne d’Antónia, retrouve là Daniel, le jeune soldat qu’elle aime. Quelques incidents ont lieu avec les militaires fidèles et le siège de la caserne où sont retranchés le chef du gouvernement et ses ministres constitue le seul moment violent : des tirs provenant de la Sécurité tuent quatre personnes. Au terme d’une journée de liesse, les insurgés déposent le président Caetano et le laissent fuir, puis remettent le nouveau pouvoir à Spinola, général en chef des armées. La voix de la fille d’Antónia et Manuel dit aujourd’hui l’importance de ce moment qu’elle vécut enfant. Elle dédie le film au capitaine Maia, mort quelques années après dans l’oubli.