BELLE AU BOIS DORMANT TRASH

Rares sont les films qui entrent aussi rapidement dans le vif de leur sujet... Par son thème de départ peu banal (et peu montré au cinéma) les premières minutes de J'AIMERAIS PAS CREVER UN DIMANCHE rappellent KISSED, un très beau film canadien, sorti l'an passé, qui abordait lui aussi le thème de la nécrophilie, de manière poétique (oui, c'est possible !). Mais attention ! Pour Didier Le Pêcheur, il ne s'agit que d'une situation de départ (formidablement mise en scène) inspirée par un fait divers. Cette scène introductive n'est qu'un prétexte pour s'interroger, nous interroger, sur cette fin de siècle et nous jeter au visage, sa vision métaphorique d'un monde qui fout le camp avec des repères de plus en plus floues. L'évolution des moeurs et de la sexualité y est " polluée " par la peur du sida et de la mort. La peur de l'autre ! Le constat est amer mais salutaire.

UNE MISE EN SCENE INVENTIVE QUI EPOUSE LE PROPOS DU FILM

Il faut saluer la performance de l'ensemble des acteurs (il faudrait tous les citer) qui n'ont pas hésité à plonger, à se lancer à corps perdus et avec beaucoup de générosité et de confiance dans cette histoire très noire. A commencer par Jean-Marc Barr qui trouve avec le personnage de Ben, le rôle le plus gonflé et le plus passionnant de sa carrière. Après son triomphe dans LA VIE REVEE DES ANGES, et avant de la retrouver dans LOUISE(Take2) de Siegfried, Elodie Bouchez prouve avec le personnage de Térésa qu'elle peut tout jouer et qu'elle le fait toujours avec un culot mais aussi une grâce et un talent incroyable.

Alors, nul doute que ce premier film choc de l'année ne fera pas l'unanimité mais Didier Le Pêcheur est allé jusqu'au bout de son propos avec détermination et en évitant la plupart des écueils. Sans jamais verser dans un réalisme sordide ou voyeur et grâce à une mise en scène énergique et inventive qui épouse son propos, le réalisateur a su donner à son film, un souffle et une dimension quasi poétique. A l'instar de Laurent Bouhnik avec ZONZON, Didier Le Pêcheur a su ne pas s'effacer devant la force dérangeante de son sujet pour nous offrir avec J'AIMERAIS PAS CREVER UN DIMANCHE un " spectacle " cinématographique, certes éprouvant mais marquant .