UN CON-CONTE

Un rideau rouge de théâtre s'ouvre. Xavier et Yvan, scénaristes à la recherche de l'inspiration, sont installés dans leur jardinet. Il leur faut écrire un film, ils partent sur une fiction politico-sociale. Peu à peu, dans les méandres de leurs cerveaux, va se construire l'histoire des Moliterno & Cie. : une famille de garagistes marseillais menacée par la crise et le capitalisme. Et comme " il n'y a que deux choses importantes dans la vie : la lutte des classes et la sexualité ", les protagonistes vont se battre et coucher.

Il y a d'un côté les méchants, ces salauds de patrons qui exploitent la masse laborieuse. Et de l'autre, des gens sympathiques, menacés par la faillite et qui ne pensent qu'au sexe, aux putes de la gare Saint-Charles, et à l'amour aussi. La nouvelle comédie de Guédiguian ne fait pas dans la dentelle et se paye, même, quelques petits dérapages vulgaires en passant.

BOUILLABAISSE SCENARISTIQUE

La vraie-fausse-bonne idée : le coup du film dans le film. Car Robert Guédiguian, (MARIUS ET JEANNETTE, A LA PLACE DU COEUR) a choisi de saucissonner son scénario : une tranche d'histoire, une tranche de réalité, un coup chez les Moliterno, un coup avec les scénaristes. Ainsi, au lieu d'installer une complicité avec sa bande de joyeux révolutionnaires, le scénariste rappelle sans cesse qu'ils ne sont que les purs produits de l'imagination des deux scénaristes buveurs de café. Et comme pour insister, il revient en arrière, fait rejouer des scènes, change les hypothèses, bref, agite sa bouillabaisse scénaristique dans tous les sens.

Avec ces nouvelles aventures des Robinson de l'Estaque, Guédiguian nous demande de croire à un conte politique, une fable sociale, voire une farce économique - le résultat est à l'image de mon compte en banque : pauvre et sans intérêt.