Brune, cheveux courts, enjouée, Isabelle débarque à Lille et y trouve un emploi dans un atelier de couture. Pas pour longtemps, ce travail n’était pas fait pour elle, et inversement. Mais il lui fait rencontrer Marie, blonde, partagée entre la douceur et une révolte capable de grandes violences. Il fait froid. Isabelle ne sait pas où dormir. Marie l’héberge, dans l’appartement dont on lui a confié la garde après l’accident survenu à ses occupantes. Vite liées d’une complice amitié soudée par leur solitude affective, les deux filles s’amusent à chercher dans la rue un  » mec  » pour Marie, avec maladresse, voire sans ménagement, jusqu’à casser un phare de la voiture d’un jeune homme qui les éconduit.


Or ce dernier, Chriss, n’est autre que le patron de la boîte de nuit huppée – le Blue – dont l’entrée leur a été interdite par les deux videurs, Fredo et Charly. Ces deux-là ne sont finalement brutes qu’en apparence; ce sont même eux qui renouent contact avec elles, et les orientent sur une possibilité de job de serveuse dans le restaurant d’une chaîne américaine. Devenue la maîtresse de Charly, Marie vole un coûteux blouson dans un magasin. Surprise par les vigiles, elle est reconnue par Chriss, qui paye pour elle. Elle le revoit, couche avec lui dans un grand hôtel. Peu à peu, elle va se croire aimée et rêver d’une nouvelle vie avec ce fils à papa, qui ignore tout de la  » galère ». Isabelle et elle sont prises non comme serveuses mais comme distributrices de prospectus dans la rue, en patins à roulettes et costume grotesquement pailleté. Seule Isabelle s’en amuse et accepte, considérant que cette humiliation-là n’est rien en regard de celles que Marie est prête à subir aveuglément.


Charly, lui, s’est résigné. Il sait que Marie n’est pas pour lui, et refuse de s’en mêler plus. Isabelle se charge alors toute seule de faire appel à la lucidité de son amie qui, perturbée, se montre de plus en plus violente. Marie, en outre, se refuse à comprendre pourquoi Isabelle a tenu avec autant d’assiduité à visiter à l’hôpital Sandrine Val, la jeune fille accidentée de l’appartement, murée dans un coma profond. La mère de Sandrine étant morte, l’appartement va être vendu et doit donc être libéré.


Quittée par Chriss, qui n’a même pas su le lui dire directement, Marie se jette par la fenêtre. Choquée, déchirée, durement mûrie, Isabelle occupe désormais un emploi d’ouvrière, comme des milliers d’autres. D’autres vies rêvées…