Indochine, fin des années 20. Une jeune Française de quinze ans quitte ses deux frères et sa mère, femme ruinée devenue institutrice dans une petite ville. Quand le car pour Saïgon passe le Mékong, sur le bac, elle rencontre le Chinois, bel homme jeune et riche. Il lui parle, lui propose de terminer le voyage dans sa superbe limousine. Il lui saisit alors la main, elle feint l’indifférence.

A Saïgon, il la guette entre le lycée et le pensionnat religieux. Elle se laisse conduire dans la garçonnière où, en héritier oisif, il peut recevoir ses maîtresses. Près de la rue bruyante du quartier chinois, derrière les volets qui filtrent la lumière, sous les pales du ventilateur, leurs corps s’étreignent, pour elle, premier plaisir et, pour lui, premier vrai moment d’amour, qu’ils savent éphémères. Le Chinois devra obéir à son père et épouser une fille de sa caste. La famille de la jeune fille, d’abord choquée par cette liaison, y voit ensuite son intérêt : le Chinois peut payer pour les frasques du frère aîné, pour la décision de la mère, désespérée, de rentrer en France. La jeune fille organise une rencontre entre les siens et son amant. Est-elle une prostituée ? Une amoureuse ? Elle dit sa volonté de devenir écrivain pour témoigner de la douloureuse destinée de sa mère. La séparation proche pousse les amants à redoubler leurs rendez-vous, mais le Chinois ne vient pas au dernier, après son mariage.

Quand le paquebot noir s’éloigne du quai, la jeune fille aperçoit la voiture au coin d’un dock. Des larmes coulent sur son visage.

Beaucoup plus tard, à Paris, elle est déjà âgée, le Chinois, de passage, lui téléphone, il se souvient, il l’aime toujours…