Les chemins de la Hanse : Mer Baltique et Mer du NordLa Mer Baltique est une petite mer cernée d’une multitude de paysages et de cultures. Reliée à la Mer du Nord par les détroits du Kattegat et du Skagerrak, c’est une mer semi-fermée dont la profondeur maximale atteint péniblement les 459 mètres dans une fosse au large de l’île de Gotland, près des côtes lettones. Cette profondeur réduite (en moyenne 55 mètres), ainsi que sa faible salinité lui valent d’être parfois comparée à un grand lac.Difficile de trouver une unité sur les rivages éclatés de cette région, point de rencontre de neuf pays : au nord et à l’Ouest les pays Scandinaves, la Russie et les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) à l’Est, la Pologne et l’Allemagne au Sud.Une telle diversité entraîne, ici plus qu’ailleurs, de réels déséquilibres de ce système écologique fragile. La Mer Baltique a en effet la triste réputation d’être la mer la plus polluée du monde, victime d’un des trafics maritimes les plus intenses de la planète. Si l’on ajoute à cela qu’environ 80 millions de personnes peuplent son bassin versant, fortement industrialisé et où se pratique une agriculture intensive, l’effondrement écologique de ce grand écosystème marin était inévitable. Selon des scientifiques suédois, malgré les efforts engagés par les pays riverains depuis 1970, l’écosystème des fonds marins de la Baltique aurait été presque totalement décimé par les pollutions humaines, à l’exception de quelques zones côtières.Et c’est bien sur le littoral de la Baltique que se cache ses trésors. Dans des villes comme Saint-Pétersbourg notamment. Cité de Pierre le Grand, joyaux de la Russie occidentale, avec ses canaux, ses palais et son architecture baroque, il y flotte encore aujourd’hui un parfum de faste hérité de l’époque des tsars.Plus au sud du Golfe de Finlande, changement de décor et de pays avec Tallinn, port séculaire et capitale d’Estonie. Ceinturée de puissantes fortifications, Tallinn, à l’histoire millénaire, est une des villes médiévales les mieux conservées au monde. À seulement quelques heures de navigation en direction du Sud, se dessine déjà un autre golfe, un autre pays et une autre capitale.Riga, lové au creux du golfe du même nom, accueille un tiers de la population de Lettonie. Après Saint- Pétersbourg, c’est le plus grand port de la Baltique, tant par ses dimensions que par son trafic.En longeant les quelques kilomètres de côtes lituaniennes, la Russie réapparaît. Mais ce n’est qu’un bout de terre russe un peu perdu. La ville de Kaliningrad, ancien puissant port militaire de l’URSS, pourrait désormais y être érigée au rang de capitale, tant cette enclave est isolée du reste de la mère patrie. Cette même mère patrie qui marqua de son empreinte le destin de la ville de Gdansk. Détruite à la fin de la Seconde Guerre mondiale par l’armée soviétique, la ville fut cédée à la Pologne par Staline, puis rebâtie par les communistes qui en prirent le contrôle. Jusqu’à ce que, dans les années 80, Lech Walesa, alors leader syndicaliste de Solidarnosc, y prenne la tête d’une révolte et fasse finalement entrer la Pologne dans l’aire de la démocratie.Aujourd’hui la Pologne s’ouvre au tourisme. Elle est tout de même bien loin d’avoir l’expérience de l’Allemagne en la matière. Le littoral de la Mer Baltique est un endroit très prisé des Allemands. L’île de Rügen, posée sur la route maritime entre la Danemark et la Pologne, est la plus grande île allemande. Terre boisée et lagunaire, elle est surtout connue pour ses sublimes falaises de craie. Elles ont été immortalisées par le peintre Caspar David Friedrich, il y a presque 200 ans, donnant ainsi ses lettres de noblesse à celle qui est aujourd’hui surnommée la Perle de la Baltique. L’afflux de touristes y est constant. Et malgré des falaises à pic et des forêts, dans l’air brumeux de la Baie de Lübeck la Mer Baltique et l’horizon se confondent souvent. Lieu touristique, Lübeck est également un port, autrefois surnommé la reine de la Hanse car la ville était la capitale de la Ligue hanséatique.Autre grand port de la Ligue, posé sur l’Elbe et, aujourd’hui, deuxième ville d’Allemagne : Hambourg. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la métropole. Ville-Etat sept fois plus grande que Paris, poumon économique et culturel de la région, Hambourg possède plus de 2 300 ponts et offre une qualité de vie incomparable à ses habitants avec 14% de la surface urbaine occupés par des espaces verts et 30 m2 d’espace habitable par personne. Un record mondial.Sans quitter les terres du Schleswig-Holstein, il est pourtant possible de changer de mer. Du Danemark aux Pays-Bas, le littoral Ouest du land allemand est ainsi baigné par la Mer du Nord et de nombreuses îles. Comme l’île d’Helgoland, rocher de grès rouge qui se dresse telle une forteresse naturelle, à 70 kilomètres de l’embouchure de l’Elbe. La légende veut que le diable ait laissé tombé ce rocher dans la mer après l’avoir volé à la Norvège. Tour à tour repaire de pirates, base navale bombardée pendant la Seconde Guerre Mondiale, et enfin lieu de villégiature, Helgoland possède une faune et une flore uniques. Ces rivages sont décidément une terre de contraste.