Dans F for Fake, Welles s’adonne à un extraordinaire tour de passe-passe, constitué en partie avec des déchets, des chutes d’un film de Reichenbach, passé à la truca, en partie de bric et de broc, de discours, d’images triturées, de continuités fictives où lui-même tient le rôle du maître de jeu : assis derrière une moviola ou en habit de magicien devant la caméra. Il se situe parmi les tricheurs avec la grandeur et l’intelligence falstafienne nécessaire à une comédie, mais aussi parce que la réflexivité autobiographique sur la vie et l’art est devenue indispensable aux oeuvres-essais d’aujourd’hui.
F for Fake est une véritable oeuvre, pour autant que l’on puisse parler encore d’oeuvre d’art. C’est l’un des films les plus radicaux des années soixante-dix sur l’art, le monde et la vie d’aujourd’hui, sur l’acteur et la représentation, sur le voyeurisme et le cinéma, sur le désir de la création.